Les nouvelles de Anne et Yvon

Les nouvelles de Anne et Yvon

Grand Canyon, AZ

Alors nous voici en route pour le grand canyon. On peut voir des orages localisés le long de la route, jusqu’à qu’on se retrouve dessous. Comme je n’y vois plus rien sous la pluie et la grêle, je m’arrête sur le bas-côté pendant quelques minutes. Pendant ce temps, à la radio, REM chante « it’s the end of the world, as we know it », coïncidence ? Ce sont des résidus de l’ouragan Isaac qui est en train de s’en prendre à New-Orleans.

Petit arrêt technique à Williams pour notre dernier plein avant le parc. Là, des françaises galèrent un peu à la caisse : je leur explique qu’elles ne peuvent pas avoir une carte de débit, vu que ça n’existe pas en France donc il faut toujours qu’elles disent credit quand on leur demande. Pendant qu’Yvon fait le plein, le mécano du garage nous lave les vitres et regonfle le pneu arrière :

« - Did you know you had only 60 at this one ?

-          Euh…

-          How much do you want it

-          Euh… I don’t know.

-          Oh ! you’ve got a nail in it! (il me montre, je vois rien, et pour moi à ce moment nail = ongle)

See ! (ah bah non c’est un clou!) »

Ok, bah c’est parti pour une réparation de pneu neuf… Je discute avec les françaises en attendant qui se font les parcs pendant deux semaines.

Comme toujours pendant les réparations : sodas, café à volonté… Il revient et nous dit qu’il a vu un truc bizarre au niveau de la roue avant : il y a une projection d’huile, qui l’a conduit à découvrir que le truc qui tient la roue (on cherche encore le terme français) est pété, donc que la roue va bientôt tomber… il regarde l’autre qui perd aussi de l’huile… Après un coup de fil, il nous dit que la pièce est en stock mais qu’il doit aller la chercher. Et paf ! une grosse réparation… Il est sympa, il nous propose un lift pour le centre-ville en nous disant que ça lui prendra environ deux heures. A nous la ville de Williams !

Il s’agit d’une petite ville qui vit du tourisme à la fois du Grand Canyon mais surtout parce que sa rue principale est aussi la main de l’Amérique : la route 66 ! Il y a des magasins de cadeaux partout. Sur les conseils de notre mécano nous mangeons au resto du coin, où j’ai un très bon poulet frit, avec une soupe et tous les accompagnements. Dommage, ça fait un peu beaucoup, car il nous avait surtout recommandé leurs tartes ! Petit cocktail dans un bar voisin et retour une grosse heure plus tard vers la station…

De loin, la voiture est toujours sur le pont, dommage : il faudra attendre. De plus près, la voiture du mécano n’est pas là… doute… en arrivant la caissière de la station nous dit qu’il n’est pas encore revenu, donc il n’a pas avancé d’un pouce. Argg. On attend, Yvon lit, j’écris. Il revient à 19h30. Il s’y colle et vient nous voir une heure plus tard en nous disant qu’une partie du machin est grippé, il n’en revient pas : et oui, la rouille c’est à la voiture canadienne ce que sont les frites pour les moules, un incontournable! Il nous explique qu’il va devoir trouver un moyen de le faire partir, et que si à 21h30 il n’a pas réussi, il devra réessayer demain. Après des bruits bizarres, il nous explique que la seule solution c’est de tout couper. Et bien allez-y ! paf ! A 21h45 le morceau est coupé. Pendant ce temps, nous en sommes au 2eme café ou coca, j’ai écrit 3 pages, on regarde pour la 5eme fois les mêmes infos sur l’ouragan Isaac et le congrès républicain, on en a un peu marre. 22h15 : fini ! le temps de nous décharger d’une somme astronomique on est en route pour le Grand Canyon, une heure plus loin. Montage de tente dans le noir entre 23h30 et minuit, la classe! Un gros merci au grand chaboubou du hasard qui a planté un clou dans notre pneu et surtout à Aurelio, mecano zélé, avec 40 ans d’expérience, qui s’ennuyait et à repérer notre flat puis tout le reste, et qui a bossé jusqu’à 22h30 en ne nous facturant pas la petite heure en plus qu’il a mis parce qu’il n’avait pas prévu la rouille !

Jour 2

Quand on monte la tente dans le noir, on n’est pas à l’abri d’un réveil matinal par le soleil qui cogne sur la toile. Encore une fois, le grand chaboubou du hasard a été vigilant et nous a mis au bon endroit. C’est d’autant plus important ici : certes il fait 12 la nuit, mais il fait 30 la journée et avec la toile, ça fait 72 dans la tente. Le terrain est très clairsemé de genévriers principalement. Je me lève vers 9h et en refermant la tente je tourne la tête vers la forêt et une biche broute à 2m de mois. « Yvon y a une biche à côté de la tente! Ah non, y en a 3, 4, 5, 6 ! »; Blasé de toutes les biches qu’il a déjà vu Yvon ne sort pas. Sauf que ce sont des élans en fait. La barbe sous le cou ne trompe pas ! Mais pour moi, au réveil, une femelle élan c’est une biche.

Premier objectif du matin : nous enregistrer pour éviter de nous faire jeter du camping. La madame nous remercie 3 fois d’avoir prévenu que nous serions en retard, il semble que ce soit rare ! Comme la nuit a été mauvaise, la journée sera calme. Nous devons également passer un petit moment sur le net  pour régler les problématiques financières de la veille. Ce qui nous amène au village avec un supermarché / boutique de souvenirs / déli / pourvoyeur de wi-fi. Qui a dit que la nature devait être dénuée de ravitaillement ? J’en profite pour lire les bons conseils de randonnée :

-          Éviter de marcher entre 10h et 16h

-          Partir avec 0,25 L d’eau par heure de marche et par marcheur

-          Toujours porter un chapeau

-          Manger salé à chaque pause hydratation

Donc là, il est 10h, il fait chaud… que faire ? Sauf qu’il y a toujours des chemins pour handicapés et accessibles aussi aux non sportifs. En fait le grand canyon, c’est un canyon soit un trou. Il a une rive sud et une rive nord, nous sommes sur la rive sud, la plus touristique. Un chemin, le rim trail, est aménagé tout le long de la rive pour permettre de se balader le long du trou sans trop se fatiguer. Nous allons donc pouvoir aller au visitor center pour faire la marche des fainéants.

Arriver là-bas, premier contact avec le canyon. Je ne vais pas essayer de vous le décrire car je ne ferais que dire c’est un grand trou, éventuellement c’est un vachement grand trou, ce que vous savez déjà et ce qui est implicite dans le nom Grand Canyon. Je crois tout simplement qu’on ne peut pas imaginer un truc pareil, que nos photos ne vous donnerons même pas idée de la grandiosité du truc. Et finalement, je ne peux que vous inciter à venir et citer le ranger Addi pour vous appâter : « Il y existe des canyons plus grands, des canyons plus larges et des canyons plus profonds, mais il n’y en a pas d’aussi grands, et larges, et profonds ». Après un retour au campement pour manger, nous allons faire un autre bout du rim trail pour voir le soleil se coucher. Il y a un système de bus qui est assez bien fait et permet de limiter les voitures dans le parc, qui sont déjà bien assez nombreuses à mon goût (nous sommes d’ailleurs dans le plus grand camping de US National Parks). Pour le coucher de soleil c’est raté car il y a des orages (mois les plus humides au Grand Canyon), mais c’est assez sympa de voir au loin les éclairs et la pluie tomber quand on est encore au sec.

Le lendemain, levé aux aurores (5h20) pour aller voir le lever de soleil. Une fois de plus, les nuages ne gâchent un peu la fête. Mais c’est intéressant de voir à quel point on passe vite de 15 degrés à 25 juste parce que le soleil se lève. Nous rejoignons ensuite une balade sur le south kaibab trail, en évitant soigneusement un gros élan mais vu qu’il prend la moitié du chemin c’est difficile et il nous regarde méfiant. Là, tout le monde attend autour du ranger Addi, alors on fait pareil. Elle nous guidera jusqu’au Ooh Aah Point où je déciderai que c’est assez à remonter. Car une balade dans un canyon, ça ne fait que descendre ou que monter… pas de plat en vue. Elle nous raconte un peu comment le canyon s’est formé et nous balance des petites phrases toutes faites avec un accent de cowboy assez marrant : « As we say : down is optionnal, up is mandatory », « as we say, we are still building the trail » «  as I like to say, let’s get to know this canyon history ». Elle nous fait aussi un petit topo sécurité qui semble bien nécessaire à voir partir des touristes en tongs, avec une bouteille de coca et sans chapeau sur le sentier le plus exposé au soleil du canyon. Elle nous dit qu’elle a déjà eu des gens qui se présentent avec des poussettes aussi… en descendant nous nous laissons dépasser par des mules, qui acheminent le ravitaillement au phantom ranch qui se situe 11 miles plus bas, de l’autre côté de la rivière Colorado, sans autre possibilité de ravitaillement.

Retour au campement pour une petite sieste avant d’aller visiter le village avec son lodge, ses boutiques et son million de touristes.

Le soir tentative de voir le canyon sous les étoiles : raté ! Les nuages cachent les rayons de la pleine lune qui elle nous cache les étoiles…



04/09/2012
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