Yellowstone
Jour 1
Nous commençons par un petit passage obligé chez wal-mart. Puis c’est parti pour toute une journée de route. Arrivés à Jackson Hole, nous rentrons dans le parc du grand teton. La route semble interminable. Le parc débouche sur Yellowstone et la route est vraiment sans fin. Nous sommes étonnés d’être dans les rocheuses, avec un paysage finalement assez plat. Rien de comparable à Banff. Le temps d’entendre sur radio wyoming la voix de Pauline Marois : Yeah ! Charest est dehors !!! Puis qu’il y a eu deux morts en ville pour une soi-diant révolution des anglais… Mais que se passe-t-il? Le journaliste insiste : mais que va-t-il advenir des anglais si le Quebec est indépendant ? L’autre journaliste répond que c’est loin d’être fait et on penche plutôt pour une question de santé mentale.
Nous allons planter la tente. L’emplacement est assez nul : sur le chemin des toilettes et très proche des voisins. Une fois tout ça mis en place, trop tard pour aller se doucher mais il n’est jamais trop tard pour un bon burger sur le bbq ! la nuit et le froid tombe assez vite. Dans la tente, j’essaie de m’endormir pour enfin me reposer des deux dernières nuits chaotiques. C’est sans compter sur ronflette, notre voisine, dont la tente est à deux mètres. Là je n’en peux plus. Le froid, la tente qui tremble toute les deux minutes à cause des ronflements… je n’ai réellement jamais entendu ronfler comme ça. Même les loups qui ont hurlé toute la nuit, je ne les entendais plus quand elle ronflait. Je réussis péniblement à m’endormir quand les voisins se lèvent, il fait encore nuit, je me dis qu’ils vont partir tôt en rando. Ils parlent le fort, ils doivent être prêts à partir : et non ! C’est juste que pour eux l’amour c’est aussi pisser la nuit en couple en se racontant des blagues nazes… et le ronflement a duré toute la nuit.
Un peu énervée, beaucoup dans le pâté et gelée, je dois faire peur… Yvon propose un petit-dej au chaud dans un lodge. S’habiller par ce froid est une torture. Nous allons donc au dining-room le plus proche. Le petit-dej est un buffet sans trop de surprises mais l’important est que c’est chauffé. Les campeurs plus prévoyants que nous arrivent avec leur bonnet et doudoune.
Petit passage au visitor center pour avoir les randonnées. Je demande plutôt modérée ou facile, la madame me répond : en fait il s’agit plutôt de la longueur que vous voulez faire car ici les balades sont assez plates. Nous décidons d’aller à Old Faithfull, visiblement il y a là-bas un geyser qui doit entrer en éruption à 10h15. Avant de partir coup d’œil à la météo : 31 la nuit, 65 la journée. Je vous laisse chercher la conversion pour comprendre mon désarroi de campeuse frileuse.
Old faithfull se trouve à un peu moins de trois quarts d’heure de voiture du camping. Nous nous dirigeons en suivant les autres, sans trop savoir où aller. En voyant une passerelle de bois autour d’un geyser, avec des bancs tout autour, on se dit qu’on être au bon endroit. Et en effet, à l’heure dite, le geyser érupte : c’est haut mais assez peu impressionnant car nous sommes maintenus assez loin. Petit passage ensuite par le old faithfull lodge pour essayer d’avoir un accès wi-fi : je suis plus ou moins en communication avec Lyon pour le boulot. On se balade dans ce vieil hôtel : le parc date de 1919 si je ne me trompe pas et ces premiers lodges aussi. Tout en bois rond, avec de grandes baies vitrées pour qu’on puisse voir les geysers, c’est magnifique. Et moi je dors dans une toile de tente! Le wi-fi se trouve dans un autre lodge : le côté disneyland se retrouve aussi dans le fait qu’au même endroit on ait 3 lodges différents de la taille des hôtels de disneyland et bien sûr, chacun a sa boutique souvenirs, il y a aussi 2 general stores et une station-service. Nous allons donc au snow lodge, plus moderne. Là les choses s’accélèrent pour moi : entre les messages des anciens collègues et celui du chef qui veut me parler de la nouvelle organisation…. Petit vent de panique dû à huit heures de décalage : dès que j’envoie un message il faut attendre le lendemain pour avoir la réponse, alors que j’aimerais assez être fixée sur mon sort.
En gros la pression monte, et personne pour m’aider à la faire redescendre. Du coup la balade le long des geysers est un peu monopolisée par toutes ces questions sans rapport avec la beauté de ce qui se passe sous nos yeux. Yellowstone est en fait un ancien cratère et nous nous tenons en permanence là où les plaques tectoniques sont en contact et du coup, le magma plus si loin que ça, chauffe l’eau des nappes qui ressort un peu partout. Il y a 3 façons pour l’eau et les gaz de s’échapper: les piscines, les cônes et les geysers. Le tout dans une vapeur sympathique légèrement (euphémisme) soufrée : comprenez ça pue et les rejets sont souvent jaunes. En tout cas, à Oldfaithfull, c’est tout une esplanade de geysers, le long de la rivière. Comme le sol est principalement constitué de minéraux agrégés cela ressemble à un crépi aux couleurs allant du blanc au jaune en passant par toutes les nuances de brun. Ce n’est surtout pas très solide : les parcs ont aménagé des chemins en bois pour que les touristes ne marchent pas sur ces sols fins. Ils contrôlent la température du sol autour des pilotis pour savoir s’ils doivent modifier l’itinéraire en fonction d’un nouveau lieu d’éruption. L’eau des piscines elle est souvent des couleurs de l’arc en ciel du fait des bactéries. Tout ça est en perpétuelle évolution : certains geysers très actifs autres fois entrent en éruption seulement tous les 3 ans, ou le contraire. Si celui de l’entrée est en éruption toutes les 90 minutes (ce qui est bien pratique tout de même pour l’activité touristique), d’autres sont très capricieux; ainsi un geyser qui a érupté (car ce mot manque en français) plus de 50 fois en 2005, n’a plus été actif depuis 2007… pour tous ceux qui voudraient me poser la question, j’anticipe un peu : non on ne se baigne pas dans les geysers, car pour que ça sorte avec une telle pression c’est que l’eau est bouillante, même les calmes piscines ont des bubulles qui remontent fréquemment. En outre, certains geysers, comme le mud volcano, sont si acides qui font fondre la roche, ce qui explique que ce soit de la boue qui en sorte. Il nous faut une après-midi entière pour faire ce petit tour à Oldfaithfull en allant aussi voir le mud volcano qui se trouve plus loin.
Jour 2
Nous avons acheté une carte d’appel pour téléphoner à Lyon, ce qui est plus pratique car contre toute attente, contrairement à tous les autres endroits, c’est compliqué d’avoir le wi-fi ici. Je me lève donc tôt pour essayer de téléphoner au bureau avant 16h (surtout qu’on est vendredi). Mais je fais chou blanc. Nous allons donc du côté du lac pour capter un bout de réseau et se réchauffer avec un petit café. J’aime ces gros hôtels en bois ronds, ils sont parmi les plus anciens car Yellowstone est le premier parc national des États-Unis et ils ont gardé à la fois le côté luxueux de ces hôtels autrefois destinés à l’élite et le côté fait maison du bois rond. En plus l’atmosphère très cosy des lobbys en bois, avec de grandes cheminées, et de grands canapés de cuir est très réconfortante après une nuit à 0°.
Puisque nous avons déjà fait trois quarts d’heure de route pour venir ici, nous décidons de continuer jusqu’à Tower Roosevelt, plus haut où il y a des balades sympa dont une dans une forêt pétrifiée. Nous nous mettons en route le temps de laisser un bison traverser tranquillement la route. Ce que nous n’avions pas mesuré c’est la distance vraiment très importante de voiture que cela demande… il nous faudra plus d’une heure pour y aller, car les distances sont grandes, mais nous sommes limités à 50km/h et il faut compter aussi les travaux.
Salt Lake City
Au milieu de la nuit, nous avons commencé à entendre des bruits étranges dans notre tente : d’abord comme des bruits de pas et ensuite des déplacements furtifs sur la bâche de sol… petit coup d’œil dans la tente : rien ! Yvon sort : rien non plus ! Fatalement nous arrivons à la conclusion c’est petit et rapide : un rongeur. Mon problème psychologique à ce moment c’est qu’il tourne autour de la tente intérieure et j’ai peur soit qu’il grignote la tente qu’on nous a prêté soit qu’il passe entre les deux bâches de sol et que je me retrouve à l’écraser par inadvertance. Après une demi-heure de mouvements rapides autour de nous il s’avère que le plus embêtant c’est en fait le bruit. Comme il est pris de ces mouvements assez souvent dans la nuit, nous sommes également assez souvent réveillés. Le lendemain matin en démontant la tente, on se rend compte que rien n’est gagné. En général, on démonte la tente en laissant les 3 parties ensembles c’est plus rapide surtout pour le remontage. Mais là, il va falloir tout démonter. La tente intérieure est enlevée, la bestiole se cache sous la bâche de sol. La seule fois où il a fait mine de sortir il n’a pas osé pas franchir la barrière de la tente extérieure. On enlève donc la bâche, il trouve le moyen de se cacher sous les deux bandes renforts qui traversent la tente. Enfin, on enlève la tente extérieure et le voilà tout perdu car je suis sur son chemin. Et hop il file droit dans son trou. C’est vrai que les gros trous autour du feu laissaient penser à un habitat de rongeurs.
La nuit fut donc nulle, mais heureusement ce soir nous couch-surfons chez Giles à Salt Lake city. Son profil était un peu difficile à comprendre, il y a des enfants et il a des colocs. La route est assez désertique mais nous arrivons autour de 16h sur une grande autoroute à 4 voies. On ne sait pas pourquoi mais ils ont tous besoin de téléphoner en voiture… nous tournons un peu pour trouver un magasin, mais rien, enfin nous n’avons pas trouvé. Arrivé sur la rue de Giles, Yvon me dit « c’est la maison avec le gars sur le toit. » En effet, notre hôte est sur le toit en train de monter un panneau solaire. Arrive son coloc Paul avec un bébé dans les bras. Peu de temps après arrive sa femme avec leur deuxième enfant Ottis qui était en garde chez le voisin/grand-père. Bref nous sommes dans la maison du bonheur. Malheureusement, Giles n’est pas disponible ce soir pour discuter, il nous indique un peu ce qu’on peut voir en ville. Il nous explique en particulier que la main ici c’est la rue du temple (ville de mormons), que les numéros de rue se suivent ensuite, il suffit d’enlever 00 : la 200eme étant en fait la deuxième. Nous allons en ville, passons par le temple, parce que c’est à peu près tout ce qui caractérise Salt Lake… après un passage éclair nous continuons pour aller chercher un resto. Tout ce qu’on peut dire sur Salt Lake City c’est que c’est neuf, carré et très propre et tout petit. Une grosse heure plus tard nous sommes de retour. Nous nous baladons dans le grand jardin avec toutes sortes de plantes, des poules et un gros hangar où visiblement Giles construit un four solaire et un vélo électrique / westfalia. Nous ne verrons pas notre hôte qui va rentrer tard.
La nuit que nous espérions de qualité suite à notre mulot party la veille n’arrive pas à combler nos attentes car la maison du bonheur n’a pas de portes. Et la coloc de Giles est conductrice de school bus donc levée à 5h du matin. Son petit Ottis qui est très bavard entonne la chanson du pipi de bonne humeur. Vers 7h la maison redevient calme.
Yvon et Giles se lèvent vers 8h. Giles nous fait un super smoothie avec tout ce qu’il y a de frais dans son jardin : excellent ! c’est vraiment dommage que nous devions partir à 9h car notre discussion avec Paul et Giles a été super intéressante : Giles veut faire un vélo-trip en France. Mais nous avons beaucoup de route à faire
Bryce Canyon, UT
Comme hier nous nous levons tôt car nous avons de la route. Un petit panneau nous annonce que nous sommes dans Red Canyon et d’un coup le paysage change. Puis nous arrivons à Bryce Canyon. Nous allons faire la balade la plus prisée et j’ai un peu peur d’y retrouver les foules de Zion de la veille. Mais non, tout est calme.
Il y a comme pour le grand canyon un rim trail qui est accessible et permet à tout le monde de contempler l’amphithéâtre. Bryce Canyon est bien particulier, c’est comme une mer de sable rouge orangée avec un peu partout des Hoodoos (cheminées de fées, mais je préfère Hoodoo parce que c’est le titre d’une chanson de noir dez) plantés dedans. Notre chemin descend à pic dans le canyon sur des sentiers caillouteux dont on peut penser qu’ils pourraient être balayés par le moindre orage. Sur le chemin des italiens demandent à des allemands de les prendre en photos et réciproquement, s’en suit un échange typique vous venez d’où, vous avez vu quoi… deux mètres plus loin, la même en version québécois / américains : « oh yes ! Quebec city is gorgeous, we loved chetow fwontenak but it’s so expensive we couldn’t stay there ! ». C’est pas beau la fraternité qui nait entre randonneurs ? Et pourquoi pas hors des parcs nationaux, je vous le demande ?
Bref. Nous continuons en nous enfonçant dans le canyon. J’aime bien ici car on est vraiment proche du canyon, Yvon aime moins, il le trouve un peu petit par rapport au grand. C’est vrai qu’il aurait peut-être fallut le faire dans l’autre sens. En effet la balade nous prend une heure, ce qui est peu pour nous. Elle finit tout de même sur une méchante montée qui est aussi une méchante descente. Je me demande vraiment ce qui passe dans la tête des touristes de base qu’on y croise : une demoiselle en tongs de cuir avec de magnifiques faux diamants, une petite vieille qui semble à moitié aveugle avec une canne et un guide, dans un sentier de pierres qui glisse tout de même beaucoup et qui descend à pic. Je me félicite d’avoir lu le guide et d’avoir pris l’autre sens comme suggéré, car à la descente c’est vraiment pénible. En remontant, une foule plus importante de touristes mais rien de comparables à la veille. Nous allons en voiture voir un pont naturel avant de quitter le parc.
Petit arrêt mangeaille dans un resto/camping/boutique souvenirs/attrape touristes aux senteurs western an carton-pâte… rien de fabuleux. Nous allons finir la journée par une balade dans le red canyon qui est un petit canyon, mais dont les hoodoos sont plus sympas. La promenade nous fait longer le canyon sur des sentiers assez improbables. Là, il est 19:20 et j’écris ça dans la laverie du camping, accrochée à ma prise de courant salvatrice. Ce qui est un peu plate maintenant, c’est que le soleil se couche à 19:45; en camping ici cela signifie : on se les caille trop pour rester dehors, il faudrait faire un feu de joie pour que ce soit vivable. Alors je dis bonsoir et à bientôt.
A venir dans nos prochains épisodes :
- Anne et Yvon seront-ils logés par des mormons à Salt Lake City ?
- Anne et Yvon auront-ils un peu, beaucoup ou très froid à Yellowstone ? et Yvon devra-t-il s’acheter un vrai duvet ?
- Anne et Yvon vont-ils trouver un truc à faire entre Yellwstone et Chicago ?
- Anne et Yvon retrouveront-ils le Dr Greene à Chicago ?
- Anne et Yvon vont-ils vraiment zapper les chutes du Niagara ?
Zion national park, UT
Nous sommes arrivés la veille dans notre camping réservé un peu à l’arrache alors que nous avions réalisé qu’en ce week-end de fête du travail, il n’y avait plus aucune place dans les campgrounds des parcs qui nous intéressaient. Ici, calme total. Nous sommes environ 3 pour 50 emplacements. Ce qui me permet de profiter de la jolie salle de bains comme si c’était le mienne ou presque.
Le camping est situé entre l’autoroute et une petite falaise plein de hoodoos ou cheminée de fée en français. Je cherche dans la boutique des dépliants sur les parcs, le camping s’appelant tout de même Bryce/Zion camping, ça semble logique qu’ils en aient. Que nenni ! Par contre je peux prendre gratuitement le livre des mormons : c’est vrai qu’on est en Utah.
Nous nous levons tôt pour aller visiter Zion park qui est aussi un canyon, et nous avons compris qu’il fallait éviter le soleil zénithal : au réveil on se les pèle, à midi on fond… nous arrivons à 8h30 au parc car nous avons un peu de route et découvrons une route toute rouge (changement de couleur à l’entrée du parc) et pour cause : c’est un canyon rouge, donc la route s’accorde ! Elle serpente dans des falaises rouges vertigineuses, striées comme si des couches de sables avaient étaient pétrifiées les unes sur les autres après un coup de vent sur la dune. La route continue dans un dark tunnel : en effet, ça fait tout drôle d’avoir un tunnel sans lumière sur plusieurs kilomètres avec quelques fenêtres sur le canyon. Nous arrivons au visitor center pour découvrir que la majorité du parc est interdit à la circulation avec un système de navette. On pose donc la voiture et en route vers la balade des emerald pools, qui se trouve à mi-parcours de la boucle de la navette. Il est déjà 9h15, et pourtant le parc ne semble pas à sa plus grosse affluence (bien que la navette soit pleine). Petit déjeuner au lodge avant d’attaquer la promenade, à la fraîche, car même à cette heure avancée, le soleil n’arrive toujours pas dans le fond du canyon. Les pools sont des bassins d’eau à différentes hauteurs du canyon. C’est une balade très sympas mais qui devient très vite costaud quand on monte, d’autant que le soleil arrive. Nous croisons des randonneurs de San Francisco qui adorent la France et ne veulent pas croire qu’il n’y avait pas d’eau à Yosemite… les bassins sont magnifiques et ça vaut vraiment la peine de se casser un peu les pattes sur les chemins de cailloux.
Après cette balade nous allons voir au bout de la navette. Mais la foule et le soleil nous font rebrousser chemin. Pour aller manger loin de tout ce monde en attendant que le soleil soit plus clément, nous sortons du parc vers Springdale, petite ville jouxtant le parc. On découvre une file immense de voitures qui rentrent au parc… des panneaux indiquent que les parkings sont pleins, il faut stationner en ville et prendre la navette. Des voitures partout, garées n’importe où… mais ils n’ont pas compris ces gens que midi c’est la pire (voire la plus dangereuse) des heures pour arriver dans un canyon ? Nous mangeons dans un petit resto mexicain et visitons quelques boutiques de souvenirs avant de trouver le courage de nous lancer à l’assaut de la file pour re-rentrer dans parc. De toutes façons nous n’avons pas le choix c’est aussi notre route de retour. Yvon veut faire une balade qui se trouve sur la route, après le tunnel. Heureusement, un ranger nous fait éviter la queue ! Sauf que arriver au tunnel : arrêt ! A l’entrée dans le parc nous avions vu que les VR devaient s’arrêter à cause du tunnel, nous en avions déduit qu’ils ne passaient pas. Petits innocents que nous sommes : si ton véhicule est trop, il faut payer 15$ pour que le gentil ranger bloque tout le monde et que tu puisses avoir les deux voies pour toi. Et voilà comment nous on attend 25min pour ça ! Le début de la balade se trouve juste à côté du tunnel, je laisse Yvon y aller tout seul, il fait trop chaud pour moi. Pendant ce temps, je regarde le ranger transformé en agent de circulation faire stopper tout le monde toutes les demi-heures…
Retour au camping avec un petit arrêt chez un vendeur de pierres : ils ont de tout et pour pas cher ! Faisage de stock pour des boucles d’oreilles ! On essaie de prendre de l’essence et faire des courses, mais c’est raté! Dimanche en pays mormon, même les pompes à essence automatiques sont en repos.
Grand Canyon, AZ
Alors nous voici en route pour le grand canyon. On peut voir des orages localisés le long de la route, jusqu’à qu’on se retrouve dessous. Comme je n’y vois plus rien sous la pluie et la grêle, je m’arrête sur le bas-côté pendant quelques minutes. Pendant ce temps, à la radio, REM chante « it’s the end of the world, as we know it », coïncidence ? Ce sont des résidus de l’ouragan Isaac qui est en train de s’en prendre à New-Orleans.
Petit arrêt technique à Williams pour notre dernier plein avant le parc. Là, des françaises galèrent un peu à la caisse : je leur explique qu’elles ne peuvent pas avoir une carte de débit, vu que ça n’existe pas en France donc il faut toujours qu’elles disent credit quand on leur demande. Pendant qu’Yvon fait le plein, le mécano du garage nous lave les vitres et regonfle le pneu arrière :
« - Did you know you had only 60 at this one ?
- Euh…
- How much do you want it
- Euh… I don’t know.
- Oh ! you’ve got a nail in it! (il me montre, je vois rien, et pour moi à ce moment nail = ongle)
See ! (ah bah non c’est un clou!) »
Ok, bah c’est parti pour une réparation de pneu neuf… Je discute avec les françaises en attendant qui se font les parcs pendant deux semaines.
Comme toujours pendant les réparations : sodas, café à volonté… Il revient et nous dit qu’il a vu un truc bizarre au niveau de la roue avant : il y a une projection d’huile, qui l’a conduit à découvrir que le truc qui tient la roue (on cherche encore le terme français) est pété, donc que la roue va bientôt tomber… il regarde l’autre qui perd aussi de l’huile… Après un coup de fil, il nous dit que la pièce est en stock mais qu’il doit aller la chercher. Et paf ! une grosse réparation… Il est sympa, il nous propose un lift pour le centre-ville en nous disant que ça lui prendra environ deux heures. A nous la ville de Williams !
Il s’agit d’une petite ville qui vit du tourisme à la fois du Grand Canyon mais surtout parce que sa rue principale est aussi la main de l’Amérique : la route 66 ! Il y a des magasins de cadeaux partout. Sur les conseils de notre mécano nous mangeons au resto du coin, où j’ai un très bon poulet frit, avec une soupe et tous les accompagnements. Dommage, ça fait un peu beaucoup, car il nous avait surtout recommandé leurs tartes ! Petit cocktail dans un bar voisin et retour une grosse heure plus tard vers la station…
De loin, la voiture est toujours sur le pont, dommage : il faudra attendre. De plus près, la voiture du mécano n’est pas là… doute… en arrivant la caissière de la station nous dit qu’il n’est pas encore revenu, donc il n’a pas avancé d’un pouce. Argg. On attend, Yvon lit, j’écris. Il revient à 19h30. Il s’y colle et vient nous voir une heure plus tard en nous disant qu’une partie du machin est grippé, il n’en revient pas : et oui, la rouille c’est à la voiture canadienne ce que sont les frites pour les moules, un incontournable! Il nous explique qu’il va devoir trouver un moyen de le faire partir, et que si à 21h30 il n’a pas réussi, il devra réessayer demain. Après des bruits bizarres, il nous explique que la seule solution c’est de tout couper. Et bien allez-y ! paf ! A 21h45 le morceau est coupé. Pendant ce temps, nous en sommes au 2eme café ou coca, j’ai écrit 3 pages, on regarde pour la 5eme fois les mêmes infos sur l’ouragan Isaac et le congrès républicain, on en a un peu marre. 22h15 : fini ! le temps de nous décharger d’une somme astronomique on est en route pour le Grand Canyon, une heure plus loin. Montage de tente dans le noir entre 23h30 et minuit, la classe! Un gros merci au grand chaboubou du hasard qui a planté un clou dans notre pneu et surtout à Aurelio, mecano zélé, avec 40 ans d’expérience, qui s’ennuyait et à repérer notre flat puis tout le reste, et qui a bossé jusqu’à 22h30 en ne nous facturant pas la petite heure en plus qu’il a mis parce qu’il n’avait pas prévu la rouille !
Jour 2
Quand on monte la tente dans le noir, on n’est pas à l’abri d’un réveil matinal par le soleil qui cogne sur la toile. Encore une fois, le grand chaboubou du hasard a été vigilant et nous a mis au bon endroit. C’est d’autant plus important ici : certes il fait 12 la nuit, mais il fait 30 la journée et avec la toile, ça fait 72 dans la tente. Le terrain est très clairsemé de genévriers principalement. Je me lève vers 9h et en refermant la tente je tourne la tête vers la forêt et une biche broute à 2m de mois. « Yvon y a une biche à côté de la tente! Ah non, y en a 3, 4, 5, 6 ! »; Blasé de toutes les biches qu’il a déjà vu Yvon ne sort pas. Sauf que ce sont des élans en fait. La barbe sous le cou ne trompe pas ! Mais pour moi, au réveil, une femelle élan c’est une biche.
Premier objectif du matin : nous enregistrer pour éviter de nous faire jeter du camping. La madame nous remercie 3 fois d’avoir prévenu que nous serions en retard, il semble que ce soit rare ! Comme la nuit a été mauvaise, la journée sera calme. Nous devons également passer un petit moment sur le net pour régler les problématiques financières de la veille. Ce qui nous amène au village avec un supermarché / boutique de souvenirs / déli / pourvoyeur de wi-fi. Qui a dit que la nature devait être dénuée de ravitaillement ? J’en profite pour lire les bons conseils de randonnée :
- Éviter de marcher entre 10h et 16h
- Partir avec 0,25 L d’eau par heure de marche et par marcheur
- Toujours porter un chapeau
- Manger salé à chaque pause hydratation
Donc là, il est 10h, il fait chaud… que faire ? Sauf qu’il y a toujours des chemins pour handicapés et accessibles aussi aux non sportifs. En fait le grand canyon, c’est un canyon soit un trou. Il a une rive sud et une rive nord, nous sommes sur la rive sud, la plus touristique. Un chemin, le rim trail, est aménagé tout le long de la rive pour permettre de se balader le long du trou sans trop se fatiguer. Nous allons donc pouvoir aller au visitor center pour faire la marche des fainéants.
Arriver là-bas, premier contact avec le canyon. Je ne vais pas essayer de vous le décrire car je ne ferais que dire c’est un grand trou, éventuellement c’est un vachement grand trou, ce que vous savez déjà et ce qui est implicite dans le nom Grand Canyon. Je crois tout simplement qu’on ne peut pas imaginer un truc pareil, que nos photos ne vous donnerons même pas idée de la grandiosité du truc. Et finalement, je ne peux que vous inciter à venir et citer le ranger Addi pour vous appâter : « Il y existe des canyons plus grands, des canyons plus larges et des canyons plus profonds, mais il n’y en a pas d’aussi grands, et larges, et profonds ». Après un retour au campement pour manger, nous allons faire un autre bout du rim trail pour voir le soleil se coucher. Il y a un système de bus qui est assez bien fait et permet de limiter les voitures dans le parc, qui sont déjà bien assez nombreuses à mon goût (nous sommes d’ailleurs dans le plus grand camping de US National Parks). Pour le coucher de soleil c’est raté car il y a des orages (mois les plus humides au Grand Canyon), mais c’est assez sympa de voir au loin les éclairs et la pluie tomber quand on est encore au sec.
Le lendemain, levé aux aurores (5h20) pour aller voir le lever de soleil. Une fois de plus, les nuages ne gâchent un peu la fête. Mais c’est intéressant de voir à quel point on passe vite de 15 degrés à 25 juste parce que le soleil se lève. Nous rejoignons ensuite une balade sur le south kaibab trail, en évitant soigneusement un gros élan mais vu qu’il prend la moitié du chemin c’est difficile et il nous regarde méfiant. Là, tout le monde attend autour du ranger Addi, alors on fait pareil. Elle nous guidera jusqu’au Ooh Aah Point où je déciderai que c’est assez à remonter. Car une balade dans un canyon, ça ne fait que descendre ou que monter… pas de plat en vue. Elle nous raconte un peu comment le canyon s’est formé et nous balance des petites phrases toutes faites avec un accent de cowboy assez marrant : « As we say : down is optionnal, up is mandatory », « as we say, we are still building the trail » « as I like to say, let’s get to know this canyon history ». Elle nous fait aussi un petit topo sécurité qui semble bien nécessaire à voir partir des touristes en tongs, avec une bouteille de coca et sans chapeau sur le sentier le plus exposé au soleil du canyon. Elle nous dit qu’elle a déjà eu des gens qui se présentent avec des poussettes aussi… en descendant nous nous laissons dépasser par des mules, qui acheminent le ravitaillement au phantom ranch qui se situe 11 miles plus bas, de l’autre côté de la rivière Colorado, sans autre possibilité de ravitaillement.
Retour au campement pour une petite sieste avant d’aller visiter le village avec son lodge, ses boutiques et son million de touristes.
Le soir tentative de voir le canyon sous les étoiles : raté ! Les nuages cachent les rayons de la pleine lune qui elle nous cache les étoiles…